lundi 7 juin 2010

Ca sent le sapin

Une semaine. Voilà ce qu'il me reste à Stavanger.

Aujourd'hui était mon dernier jour au bureau. Et comme j'étais la dernière à partir, c'était tout bizarre de tourner la clé en se disant "ben voilà, c'est la dernière fois que tu fais ça." Allez hop, sortez les violons, je tourne le coin de la rue, m'apprête à envoyer les derniers courriers Amnesty que j'aurai à traiter, essuie une petite larme, et... "merde ! J'ai oublié de timbrer cette enveloppe !". Ou comment ne pas donner un dernier tour de clé.

Et finalement, ça fleure bon le joli présage, cette quicherie (note à mum & dad : vous constaterez quand même que je m'améliore puisque cette fois, je l'ai vu AVANT de mettre l'enveloppe dans la boîte) : j'en retire que je n'en ai pas fini avec Stavanger, pas plus qu'avec la Norvège. Je veux revenir ici, et je sais que c'est facile à faire. Beaucoup plus que de revenir au Togo, par exemple. Du coup, ça me rend tristoune et je sais que je vais bien verser quelques larmes, mais, au fond, je suis tellement sûre de revenir que ça va m'aider à partir.

Partir avec un kaléidoscope d'images défilant en continu : l'absence de nuit noire, les skieurs dans les champs, les sessions de musique irlandaise à l'Irishman avec tonton Richard, l'atmosphère inimitable de øvre Holmegate, le bureau de Amnesty avec son odeur de café, son joyeux bordel, son palmier en plastique mega kitsh et le singe en peluche accroché à ses "branches", la vue de Breivannet éclairé par un soleil purement scandinave, les heures passées à Sjokoladepiken, l'odeur de barbecue ou encore les Norvégiens en mode "image d'épinal". Derniers exemples en date : ce monsieur en costume qui passe devant ma fenêtre avec sa petite fille (ou son petit garçon qui aime beaucoup le rose) en poussette ; ma coloc Sofie qui révise ses exams en maillot de bain dans la jardin par 15°C ; une fille teinte en blond-par-permis avec fond de teint-pas-permis portant un jogging infâme dans des baskets beaucoup trop grandes. J'adore ce pays, définitivement. Et je m'y sens chez moi. Même si je resterai à jamais exaspérée par l'absence de case "éteindre la lumière" dans le cerveau du Norvégien moyen et qu'on ne me fera pas manger de si tôt un dîner à 17 heures. J'aime pouvoir faire ce que je veux, où je veux, quand je veux sans que les gens que je croise dans la rue me dévisagent de pied en cap pour voir ce qui cloche chez moi. J'aime ne pas avoir à m'emmerder avec des questions du type "merde, je tutoie ou je vouvoie ?" ; "arg, tu crois que je peux caser un "cordialement", là ? C'est pas trop familier ?". J'aime voir la mer et les montagnes en même temps. Et j'aime parler norvégien. Et puis j'aime les Norvégiens, ils sont globalement gentils et ils ne râlent pas dès qu'ils ont un pet de travers.

Cela étant dit, je m'en vais retrouver l'Hexagone, ses beaufs et son parisianisme exaspérants mais aussi sa boustifaille (et là, mes cocos, on assure grave, y'a pas à dire), sa langue, ses paysages magnifiques et toutes ses spécificités qui font que je comprends pourquoi beaucoup d'estrangers nous l'envient. D'ailleurs, je crois que je serai fascinée par ce pays si j'étais étrangère. Le problème, c'est que je ne le suis pas, précisément, donc je ne peux pas faire abstraction de notre aberrante envie de puissance mondiale, de notre vie politique encore plus ubuesque et du niveau de beauferie dont nous sommes collectivement capables ("ah ben tu vois, je t'avais dit que c'était pas le bon buuus..." (à imaginer claironné à toute la cantonade non francophone) "ah ouais, pas mal la Norvège, mais il fait quand même plus chaud en Corse, hein...", "'tain, ces américains pas foutus de parler français !").

Skal vi se...

(Ine, hvis du leser det : jeg skriver dette uttryket til slutt fordi jeg har merket at Nordmenn bruker veldig ofte det for å begynne en setning, selv om det ikke er nødvendig, og det er veldig gøy å høre på det ;))

5 commentaires:

  1. C'est moi, tonton Richard ?
    Je ne me souvenais pas du nom du pub... Fort cosy und sehr typisch anyway :)
    Je ne peux m'empêcher de souligner comme c'est mignon ce que tu écris sur la Norvège. Du peu que j'y ai vécu, je m'y retrouve assez bien !
    Cela dit : pourquoi tant de haine à l'égard de ta mère-patrie ? Comme si un aussi lugubre contrepoint était nécessaire à ton apologie...
    Je te proposerai une thérapie gauloise à ton retour... :p

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  2. Hihi, non, c'est pas toi, c'est un des musiciens du groupe folk qui joue tous les jeudis soirs à l'Irishman et avec qui on a sympathisé. C'est devenu mon tonton depuis le soir où un vieux trop bourré nous faisait chier avec Stéphanie (rien de bien méchant, m'enfin il était relou, quoi) : Richard jouait et jetait en même temps des coups d'œil pour vérifier qu'il ne nous embêtait pas, puis il a fini par lui dire "leave the girls alone !". Yeah, la classe...

    Je ne suis pas haineuse à l'égard de ma mère-patrie : désespérée, tout au plus ^^ Disons qu'il y a des choses qui m'exaspèrent, mais en même temps, je retrouverai certains trucs avec plaisir. L'amour de la bouffe, par exemple. Pour ça, ce sont les Norvégiens qui me désespèrent, comme quoi, on est jamais contents... Enfin là où ils sont le plus désespérants, ça reste quand même pour la lumière. Raaah.

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  3. Et laisse-moi exprimer une composante de mon identité nationale : j'ai remarqué que les Français étaient de véritables champions lorsqu'il s'agissait de taper sur son propre pays, pour le coup, je suis en plein dans le cliché :-p

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  4. Hehe, elsker bloggen din Caroline, du må ikke slutte selv om du drar hjem:) Google translate gir meg mange utfordringer! Jeg fant ut at fransk-engelsk er bedre enn fransk-norsk, men livevel gramatikken er rar.. Som i norsk-rar, ikke dansk-rar;)

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  5. Jeg tenkte ikke å slutte den, don't worry :)
    Det er utrolig at du kan forstå den bare med google translate ! Nå(r) begynner du å lære fransk !/? ;)
    Og : "jeg har skoen din" heter "j'ai ta chaussure" :-p

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