mardi 27 octobre 2009

Erasmus Way of Life

A force d'en parler, on ne sait plus ce que c'est : le concept de l'erasmus. On en a quelques échos, à coups de photos postées sur les blogs des autres, pleines de gens (jamais les mêmes) qui font des grands sourires et le V de la victoire, des photos dont la légende ne manquera jamais de mentionner la provenance de ces personnes, provenance rarement locale au demeurant. Et puis on sait ce qu'on est censés être, quand on est erasmus : quelqu'un qui fait tout le temps la fête, qui va visiter des coins que la plupart des locaux n'auront probablement jamais vu et qui se soucie de ses notes comme de sa première dent puisque de toutes façons, la seule chose qui compte, c'est de valider son semestre, peu importe que ce soit à coups de A ou de E étant donné que l'université d'origine ne prend pas en compte cette notation. Elle veut juste que vous ayez 30 crédits. Point.

Voilà le genre de personnage qui m'intriguait fortement au début et auquel je me sentais bien en peine de ressembler, quand même. Ok, je voyage. Certes. (Même qu'on va aller de Trondheim à Tromsø en novembre et que si vous regardez sur une carte de la Norvège, vous comprendrez probablement mon gazouillage intempestif à ce propos). Et mes fréquentations norvégiennes sont épisodiques. Non que je ne discute jamais ni ne passe de soirée avec des Norvégiens, mais ce ne sont pas les personnages principaux du sitcom que je vis présentement. Oui, ma vie en Norvège est un sitcom de type Friends ou HIMYM ; petite pensée émue pour ce gars italo-turc qui draguait Aude et qui lui envoyait des textos de type "tu pourrais répondre quand je t'appelle". Ah Sergio, si tu m'entends... Je me souviendrais toujours de ce moment où on t'a croisé dans le métro alors que j'expliquais à Aude que ma vie était une série télé... En plus, tous les gens sont beaux ici.

Donc, d'accord, je présente quelques caractéristiques de l'Erasmus-type. Mais quand même : d'abord, je bosse. Si, si, c'est vrai. Ensuite, le concept de l'exchange student qui va de beuverie en beuverie (de party en party, diront nous pudiquement), je ne connaissais guère. Mais je dois dire que depuis 2-3 semaines, je commence à saisir,à coups de parties improvisées. Dernier épisode en date : une cage party baroque qui se transforme en lift party, 4th floor party puis corridor party.

Je vais vous expliquer tout ça, ne vous inquiétez pas, mais d'abord, laissez-moi vous introduire un concept : la kitchen party. Il faut savoir que, dans la plupart des résidences étudiantes, les cuisines sont partagées par plus de 2 personnes. Ça peut varier de 5 à 10 et ça peut être un bonheur plus ou moins grand, cf la tronche de la cuisine de Melvin ou les déboires de Aude, à comparer avec les cuisines nickel de Benjamin ou Johanna. Un point commun à toutes ces cuisines, cela dit : elles sont grandes, donc on peut y mettre du monde, donc on peut y faire la fête. Et la kitchen party fut. C'est comme cela que je me suis retrouvée dans la cuisine d'une parfaite inconnue qui fêtait son anniversaire il y a de cela 2 semaines, avec plein de Polonais et de Norvégiens puisque cette parfaite inconnue était une Polonaise faisant ses études en Norvège. Dingue. Tout cela m'a valu ensuite de prendre le dernier métro (minuit 53)direction le centre ville pour atterrir dans un bar dansant dans lequel je me suis éclatée sur "Don't stop me now" en compagnie d'un Azéri qui, manifestement, aimait beaucoup Queen lui aussi. Dit comme ça, la mondialisation, c'est sympa, non ? Et il me faut également mentionner cette balade sur Karl Johan Gate en compagnie d'un Norvégien fort sympathique orginaire de Trondheim, à la recherche d'un distributeur. C'est beau, la vie...

Le concept de la kitchen party étant posé, sachez qu'il peut se décliner à l'envie avec tout nom d'endroit où il y a du monde et où on peut faire la fête. C'est ainsi que la semaine dernière, je reçois une invitation de Melvin sur fasbok à l'évènement "Cage Party", ie : fête dans la cave d'un des immeubles de Kringjså, une des plus grandes résidences étudiantes, dont j'ai déjà dû vous parler (à prononcer kringcho en roulant le "r" si vous ne voulez pas avoir l'accent de Bergen). Il faut savoir au préalable que tous les immeubles étudiants ont un sous-sol dans lequel il y a un endroit de stockage attribué à chaque chambre et c'était donc dans cet environnement qu'une party était organisée samedi dernier, party à laquelle je me suis rendue en compagnie de Ronan, qui était de passage, et de la joyeuse bande de Copenhague, j'ai nommé Aude, Marie, Melvin et Marc.

Et c'était assez ubuesque, en fait. On a débarqué dans cette cave blindée de monde, on a dû croiser à peu près toutes nos connaissances erasmus jusqu'à arriver à un endroit un peu moins bondé dans lequel on a pu se poser... pas longtemps puisque l'alarme incendie a dû se déclencher moins d'une demi-heure après. Notez que les détecteurs de fumée sont des êtres peu sensibles, vu la dose de fumée de cigarettes qu'ils se sont pris dans la figure avant de lancer leur mouvement de protestation. Notez aussi que s'il y avait eu vraiment le feu, j'aurais eu le temps de cramer 10 fois avant de me rendre compte que l'alarme sonnait ; autant ça vous casse les oreilles quand vous êtes tranquille dans votre chambre, autant dans la cave, on l'entend vraiment peu. M'enfin nous avons fini par sortir, ainsi que tous les gens qui se trouvaient à ce moment-là dans le building 10 de Kringsjå. C'est ainsi que j'ai croisé ma copine Mariam qui a le malheur d'habiter cet immeuble... Et je comprends maintenant pourquoi je suis réveillée de temps à autre par l'alarme incendie de Vestgrensa. Scrogneugneu.

On a donc poireauté une demi-heure dehors avant de pouvoir rerentrer. Et là, que faire ? On a manqué de se prendre une bassine de flotte sur la courge, balancée par des nanas du 5ème exaspérées du barouf qu'on faisait en bas (auquel contribuait plus que fortement la bande d'espagnols bourrés à côté de nous, je dois dire). Puis, la grande question s'est posée : on va où, maintenant ? La rumeur grandissait, disant qu'il y avait une kitchen party au 8th floor. Et d'aller au 8th floor, ou plutôt, de se retrouver coincés dans l'escalier parce que trop de monde devant. Et de descendre au 4th floor sur les conseils d'un gars placé une dizaine de marches plus haut (enfin, si on veut être plus précis, c'était surtout un espèce de cri composé de "and now, go to 4th flooooooor!"). Arrivés au 4th floor, un constat : il ne se passe rien au 4th, faut qu'on y aille. Mais c'était sans compter sur certaines personnes suffisamment bourrées pour aller cogner aux portes des différents couloirs en gueulant un truc à base de "ouvrez, on veut faire la fête !!". Là, c'est le moment où je nous suis tous maudis intérieurement à la place (ou plutôt en choeur avec, je pense) des pauvres âmes qui tentaient de roupiller au 4ème. Vous devez vous dire que j'aurais pu sortir, dans ce cas, mais le fait est que j'étais en plein milieu d'un gros tas de gens et que ce n'était pas forcément évident. Cela étant, heureusement pour les pauvres âmes, on a fini par dégager (mon échelle de temporalité me souffle qu'on a dû les traumatiser pendant une vingtaine de minutes), non sans avoir testé, auparavant, le concept de la lift party, par procuration. Par lift party, comprendre : se retrouver coincé dans un ascenseur. Et par procuration, comprendre : j'étais juste à côté de l'ascenseur et il a une vitre. Bon, ils n'y sont pas restés bien longtemps. Ils étaient 3 dans l'ascenseur, 2 gars et une fille polonaise mais sachant couramment le norvégien, et Melvin m'a raconté a posteriori que les 2 gars ont tenté vainement de comprendre ce qui était écrit jusqu'à ce que la fille en ait marre d'être coincée et appuie sur le bon bouton.

Et ceci nous ramène donc à notre départ du 4th floor, direction le fameux 8th floor où il y avait effectivement une kitchen party qui, pour nous, s'est transformée en corridor party dans la mesure où c'était là qu'il restait de la place. C'est ainsi que je me suis retrouvée à parler avec Matt, from California and from the same norskkurs as me, de la réforme du système de santé américain voulue par Obama. En bon Californien, il comprenait aussi peu que moi les oppositions à ce projet donc je n'ai pas bien pu éclaircir le mystère étatsunien ; d'autant que Marc, américain lui aussi, vient du Maryland et qu'ils sont aussi démocrates par là-bas. (N'empêche que les Américains qui viennent en Norvège doivent halluciner ; imaginez qu'il y a quand même un monopole sur le lait, ici !)

Bref, tout ça pour rentrer à 3h30 du matin, mais notez l'astuce : c'était 2h30 avec la nouvelle heure. Et pour ceux, perspicaces, qui me feraient remarquer que j'ai dit plus haut que le dernier métro était à minuit 53, je répondrais qu'on est rentré à pieds, ça nous a pris 25 minutes et c'est cool parce que c'est en descente.

5 commentaires:

  1. On pourrait faire un JdR à base de soirée s étudiantes vu ce que tu nous contes...

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  2. 6 : vous ouvrez la porte un type beurré niveau 12 vous propose une téquila pure, vous perdez 3 point de lucidité mais pouvez piocher 2 cartes picole, si vous le piocher votre prochain jet de dès sera divisé par 2 par ce que vos mouvement seront diminués par l'alcool....

    Sinon les kitchen Party ça pu!!! surtout quand on vie collé a la cuisine!!

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  3. T'as une chambre de niveau 1, t'as une chambre de niveau 1... A moins que tu ne sois victime de la potion d'incitation à beuverie excessive.

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  4. Tu parles même pas de la chasse totalement injustifiée que tu m'as administré pour mon écharpe égarée.
    Je me plaignais même pas, t'as aucune excuse (sauf l'argument tata + taux d'alcool).

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  5. En même temps, si j'avais parlé de l'écharpe, il m'aurait aussi fallu parler des Sciences-po Paris relous qui chantent des trucs du crit, du gars qui faisait du djembé dans la cage d'escalier et de comment on a gagné 15 couronnes grâce à cette soirée. Ca commence à faire long, non ? (pour l'histoire, quand même, puisque Ronan semble tenir à ce que je vous la raconte, Matt -le-Californien avait récupéré une écharpe qui traînait par terre et qui s'est avérée être celle de Ronan. 5 minutes plus tard, ce dernier débarque en disant "euh, z'auriez pas vu mon écharpe, je l'ai perdue". Sur le coup, ça faisait un peu boulet ambulant, du moins l'ai-je ressenti ainsi, aussi me suis-je un tant soit peu emportée ("quoi ? encore ? mais spa possib'!"), et je sens qu'on en reparlera encore dans 10 ans même si ça a duré 5 minutes et que je m'en suis excusée après. Bref, bienvenue dans la merveilleuse histoire de Vivi et BibiPhoque)

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